Les yoga sutras de Patañjali sont la première référence sur le yoga, avec la Bhagavad Gita.
Le yoga est un état. Un état d’union entre le corps, le mental et l’âme d’une part, et entre l’âme individuelle et l’âme universelle d’autre part.
Le but du yoga, qui est aussi le but de toutes les traditions spirituelles et au fonds de la vie humaine, est de mettre fin à la souffrance.
Notre véritable identité est existence–conscience–béatitude. La source de la souffrance est l’ignorance de cette vérité, l’identification à quelque-chose de limité et mortel.
Le moyen de mettre fin à la souffrance est de voir que « je suis existence–conscience–béatitude ». Tout le yoga vise à ouvrir les yeux du mental, par le reprise de contrôle du mental. Sous contrôle, le mental est capable de refléter la conscience pure. On peut alors voir la lumière et ne plus être hypnotisé par les formes et couleurs projetées par cette lumière.
Dans les yoga sutras, l’âme universelle est nommée Īśvara. Īśvara est religieusement neutre, il est présenté que comme la dimension lumineuse en nous, comme la conscience universelle. Il n’est ni féminin ni masculin. Il n’y a pas de cosmogonie dans les yoga sutras.
L’accent est mis sur la prise de contrôle du mental. Les outils présentés pour les personnes au mental dispersé sont les 8 étapes (sutra 2-29):
yama – contrôle de soi
niyama – discipline
āsana – assise
prānāyāma – contrôle du souffle
pratyāhāra – intériorisation
dhāraṇā – concentration
dhyāna – méditation
samādhi – extase (ou plutôt enstase)
Pour les quelques autres, ceux qui sont naturellement équanimes, des pratiques telles que l’écoute du AUM ou le regard tourné vers la lumière peuvent suffire. Ils peuvent directement se concentrer sur dhāraṇā – dhyāna – samādhi.
Je vais prendre un aphorisme après l’autre et en donner une ou deux traductions et des commentaires selon ma compréhension, grandement dérivée de mes lectures de textes dans la tradition du kriya yoga de Sri Guru Babaji, Lahiri Mahasaya, Sri Yukteswar et Paramamhansa Yogananda, et filtrée par mon expérience.
Salutation à Patañjali
yogena cittasya padena vācāṃ malaṃ śarīrasya ca vaidyakena | yo’pākarot taṃ pravaraṃ munīnāṃ patañjaliṃ prāñjalirānato’smi || ābāhu puruṣākāraṃ śaṅkhacakrāsi dhāriṇam | sahasra śirasaṃ śvetaṃ praṇamāmi patañjalim || śrīmate anantāya nāgarājāya namo namaḥ ||
Inclinons-nous devant le plus noble des sages, Patañjali, qui nous a donné le yoga pour la sérénité et la sainteté d’esprit, la grammaire pour la clarté et la pureté de la parole et la médecine pour la perfection de la santé. Prosternons-nous devant Patañjali, dont le haut du corps a une forme humaine, dont les bras tiennent une conque et un disque et qui est couronné par un cobra à mille têtes. Au vénérable et éternel roi serpent, mes révérences.
Légende de Patañjali
Il était une fois, il y a bien longtemps, un sage indien qui se baignait dans une rivière. Les mains emplies d’eau, paumes offertes, il accomplissait sa tarpana, son offrande au dieu soleil.
Au plus profond de sa prière, il sentit quelque chose atterrir dans ses paumes. Surpris, il tourna son attention vers ses mains, où il découvrit, venu de nulle part, un être minuscule et tout-à-fait étrange. Son Visage et son torse étaient ceux d’un homme alors que le reste de son corps se prolongeait en une queue de serpent. À la demande de l’être fabuleux, le sage l’aida à se redresser, pour dégager le haut de son corps et lui permettre ainsi de mieux respirer. Le petit être demanda aussitôt : « Quel est mon nom ? » Ce à quoi le vieux sage répliqua : « Comme tu es tombé dans mes paumes, ton nom devrait être pātañjala »
En sanskrit en effet, pāta désigne ce qui est tombé, et añjala, les paumes de mains rassemblées pour contenir un objet ou un liquide. Depuis ce jour divin, l’être fabuleux fut appelé ṛṣi pātañjali.
Le mythe symbolise le perfectionnement de l’être humain et l’ascension du souffle. La queue du serpent symbolise la colonne vertébrale, les paumes de mains jointes font référence au milieu du crâne. C’est par la colonne que l’énergie divine monte, continuellement, du coccyx à la fontanelle, en passant par le creuset charnière du milieu du crane.
Lorsque ce chemin du souffle est maîtrisé, alors il est possible d’atteindre kaivayla, l’Unité absolue. C’est à partir du moment où il put respirer que le petit être mythique reçut un nom. Telle est la signification symbolique de pātañjali.