ahiṁsāsatyāsteyabrahmacaryāparigrahā yamāḥ (30)
yama consiste en la non-violence (ahiṁsa), la vérité (satyā), l’absence de vol (asteya), le comportement divin (brahmacarya) et un état au-delà des problèmes issus de la configuration des planètes (aparigrahā) (30)
yama et niyama posent les fondements de notre comportement dans le monde et en nous qui rendent possible la pratique. Sans yama et niyama, il ne peut pas y avoir l’espace dans notre vie nécessaire à une pratique spirituelle, trop d’énergie et d’attention seraient gaspillées vers l’extérieur.
yama et niyama, pratiqués avec soin et intensité, sont un chemin en soi.
yama est le contrôle de la graine de toute matière (bīja) située dans le 1er cakra. Ce contrôle doit s’exercer dans les cinq cakra, c’est pourquoi il y a cinq yama.
jātideśakālasamayānavacchinnāḥ sārvabhaumā mahāvratam (31)
Cette grande technique universelle n’est pas limitée par la caste, le lieu, l’époque ou les circonstances, ni par aucune forme de séparation (31)
Tout un chacun peut pratiquer avec succès le yoga.
śaucasantoṣatapaḥsvādhyāyeśvarapraṇidhānāni niyamāḥ (32)
Le contrôle intérieur (niyama) consiste en la pureté (śauca), le contentement (santoṣa), la chaleur intérieure (tapa), la lecture intérieure (svādhyāya) et la pratique constante de iśvara (iśvarapraṇidhānāna) (32)
Le contrôle intérieur est à appliquer dans les cinq centres d’énergie (cakra). Dans le centre du coccyx, il s’agit d’établir la pureté, en particulier d’enlever l’égoïsme. Dans le 2e centre, en lien avec les appétits, il s’agit d’établir une satisfaction indépendante des circonstances. Dans le 3e centre, du mental, il faut allumer et entretenir le feu de la discipline pour brûler tous les désirs du mental. Dans le 4e centre, il s’agit de porter une attention constante à la respiration, c’est la lecture intérieure, l’étude du soi au travers de l’observaton de son action. Dans le 5e centre, il faut établir une pratique constance de iśvara (i-énergie – śva-soi – ra-manifestation).
(i-énergie – śva-soi – ra-manifestation).
vitarkabādhane pratipakṣabhāvanam (33)
Les pensées, lumineuses ou obscures, sont facilement sources de doutes, obstacles sur le chemin (33)
Il faut dompter les doutes et ne pas les laisser nous arrêter.
vitarkā hiṁsādayaḥ kṛtakāritānumoditā lobhakrodhamohapūrvakā mṛdumadhyādhimātrā duḥkhājñānānantaphalā iti pratipakṣabhāvanam (34)
Les fruits illimités de l’affliction et de la non-connaissance sont le doute, la manifestation de la violence, les actions passées, la reconnaissance, la cupidité, la colère, l’illusion. Ceux-ci doivent être éliminés par la voyelle intérieure, subtilement, et vous devez garder à l’esprit que les deux facettes de ces fruits, bonne et mauvaise, lumineuse et obscure, existent. (34)
adhimâtra, la voyelle intérieure, est votre souffle, votre vie. Elle est l’énergie créatrice de chacune des facettes des manifestations intérieures, bonnes ou mauvaises. Mais cela ne doit pas être un problème, car il suffit juste de porter une attention constante au souffle, d’y rester à chaque instant, dans chaque respiration.
ahiṁsāpratiṣṭhāyāṁ tatsannidhau vairatyāgaḥ (35)
Si nous sommes établis dans la non-violence intérieure, alors nous sommes près de renoncer à nos ennemis et de ne pas nous en créer (35)
La moindre instabilité mentale déclenche en nous la violence, une multitude d’ennemis intérieurs. Tant et si bien que nous devenons notre propre ennemi, nous devenons violents à notre égard, à l’égard de notre à corps, de notre vie. Seule l’instauration de la non-violence intérieure dans le premier centre d’énergie permet de renoncer à ces ennemis intérieurs, de se libérer de leur emprise.
satyapratiṣṭhāyāṁ kriyāphalāśrayatvam| (36)
Quand nous sommes établis dans la vérité intérieure, alors nous pouvons escompter les résultats du kriya (36)
Le deuxième centre est celui de l’affectivité, de l’amour. Or on ne joue pas, pas plus qu’on ne triche, avec l’amour sous pine de souffrances et d’immenses frustrations. Suivre le principe, la loi intérieure, suivre son souffle, là est la vérité, celle qui vous permet de récolter le véritable amour, l’amour divin, et d’escompter les fruits du kriya.
asteyapratiṣṭhāyāṁ sarvaratnopasthānam (37)
Établir en nous la non-convoitise fera apparaître tous les joyaux intérieurs (37)
Quand le mental nous a tout dérobé, il ne reste que du plomb, une infinie pesanteur mentale et une lassitude permanente. Mais quand l’absence de vol est établie en nous, dans le troisième centre d’énergie, quand le mental est sous contrôle, apaisé, alors nous recevons les joyaux intérieurs, la quiétude et la légèreté.
brahmacaryapratiṣṭhāyāṁ vīryalābhaḥ (38)
Quand nous sommes établis dans la vie, dans le souffle, nous pouvons jouir de notre énergie intérieure. (38)
Tout comme le premier son-graine est yang, la semence première, la graine intérieure, est le souffle de vie connecté au quatrième centre d’énergie. Quand nous établissons en nous notre nature divine (brahmacarya), ce souffle nous permet d’accroître notre énergie vitale (prãna shakti).
En cheminant “avec brahman”, en ayant toujours une partie de l’attention tournée vers le divin, on agit avec mesure, on évite ainsi de gaspiller de l’énergie vers l’extérieur.
aparigrahasthairye janmakathantāsambodhaḥ (39)
Etablis fermement au-delà de toute vicissitude, nous pouvons connaître la signification profonde de la création intérieure (39)
Chaque élément renferme la graine des organes des sens et des organes d’actions, mais la graine de tous les éléments est contenue dans les deux pétales de la pituitaire, hang sau, ātmā, I’Âme, le créateur de jivātmā, le créateur de tous les éléments. Quand nous dépassons le cinquième centre d’énergie, celui des cervicales, au-delà des problèmes et des illusions, nous rejoignons ātmā, l’Âme. janma n’est pas corps physique, ni même la création du monde physique. Chaque inspiration est une naissance en soi, chaque expiration, une mort. Cette naissance, janma, est le fruit de l’union du souffle et du feu intérieur au sein de la matrice divine. Elle constitue les pensées, bonnes ou mauvaises, les désirs, toutes les manifestations intérieures. Le moyen de parvenir à la connaissance de cette création n’est pas, comme certains le proposent, de revivre sa naissance physique, de renaître physiquement par l’intermédiaire de techniques psychologiques, ou d’analyser les troubles psychiques de votre enfance.
En étant fermement établi, par la pratique, au-delà de toute vicissitude, il est possible de connaître l’origine de cette création intérieure, de savoir comment les choses prennent naissance dans la matrice divine.
śaucātsvāṅgajugupsā parairasaṁsargaḥ (40)
La pureté intérieure se situe dans notre propre corps. Celui-ci est séparé des autres corps et éprouve à leur égard de l’aversion (40)
Il n’est pas question ici de pureté extérieure, mais de pureté intérieure. Une fois cette dernière établie en nous, nous éprouvons une forme d’aversion à l’égard des sens et des organes des sens, ainsi que le désir de nous en éloigner, d’en être comme étranger. Car ce corps-ci n’est pas notre corps propre. Notre corps, c’est le souffle et ce corps physique n’en est que l’ombre ; c’est ce qu’il nous est possible de ressentir lorsque la véritable pureté est atteinte dans le coccyx, premier centre d’énergie.
sattvaśuddhisaumanasyaikāgryendriyajayātmadarśanayogyatvāni ca (41)
La véritable pureté, un mental noble et concentré, ainsi que la victoire sur les sens, sont les capacités requises pour pouvoir contempler ātmā (3)
En conclusion, on peut dire que la pratique permet d’obtenir dans les différents centres les résultats et qualités suivants : la vérité (sattva) dans le premier centre, le coccyx ; la pureté (śuddha) dans le deuxième centre, le sacrum ; le mental noble (saumanasya) dans le troisième centre, les lombaires ; l’unité (ekagrya) dans le quatrième centre, les dorsales ; le contrôle des sens (indriya) dans le cinquième centre, les cervicales. Etablir la victoire (jaya) de ces qualités dans chaque centre est ce pour quoi nous sommes sur Terre.
santoṣādanuttamasukhalābhaḥ (42)
Si vous parvenez à la satisfaction intérieure, vous obtiendrez la joie suprême, et cela vous sera d’un grand profit (42)
Le deuxième centre est le siège du goût et d’une profonde insatisfaction. Par la pratique, nous obtenons santoṣa, une satisfaction intime qui nous permet de jouir pleinement de la vie intérieure.
kāyendriyasiddhiraśuddhikṣayāttapasaḥ (43)
Le succès obtenu sur l’organe mental ôte toutes impuretés. Il peut être obtenu par la chaleur intérieure, elle-même créée par le souffle (43)
Le sens majeur est le mental. Le fondement des sens, de leurs organes et des organes d’action se situe dans le centre des lombaires (manipura). De même, la place centrale de la vie est le centre du cœur, nābhi chakra, le chakra du nombril, au niveau du cœur (anāhata), tout comme celle de l’âme est la pituitaire. Non pas le nombril physique, celui par lequel pénétrait la nourriture pendant la gestation dans le ventre de la mère, mais le lieu où le souffle est digéré. Les organes des sens et les organes d’action ne sont que l’ombre du mental. Aucune forme de stimulation ne provient directement d’eux. C’est l’organe mental qui les engendre. Les impuretés qui en sont issues doivent être désagrégées par le souffle, par l’énergie qu’il crée.
svādhyāyādiṣṭadevatāsamprayogaḥ (44)
Par une pratique intérieure, nous entrons en communion avec le Père intérieur (44)
iṣṭadevata est notre Père. Non pas le père biologique mais le Père causal. iṣṭa est l’énergie primordiale établie (i est l’énergie primordiale, et ṣṭa ou pratiṣṭa, établie). iṣṭa pénètre en nous avec īkara, connectée au son yang. Cette bīja, cette graine, est le premier souffle, dans lequel s’enracine le prānā. Celui-ci provient de note Père causal il s’établit donc dans notre corps, et d’abord dans le centre du cœur. Pour remonter au Père, il nous faut effectuer une lecture intérieure, svādhyaya, porter une constante attention au souffle dans le quatrième centre (anāhata). Là, nous obtenons l’énergie intérieure, celle qui nous mènera vers notre véritable origine, notre Père divin.
samādhisiddhirīśvarapraṇidhānāt (45)
Par la pratique constante de iśvara, vous obtenez le succès de samādhi (45)
Lors de la méditation, nombre de pensées et d’hallucinations surgissent. Lorsque nous avons les yeux fermés, des couleurs et des lumières apparaissent, ainsi parfois qu’une forme pervertie de tranquillité mentale qui peut être confondue avec le samādhi. Tout cela se situe dans le cinquième centre d’énergie, au niveau des cervicales. En samādhi, il n’y a ni hallucinations, ni souvenirs, ni rêves. Nous sommes au-delà de la tranquillité. Ce succès de samādhi ne peut s’établir qu’au-delà du cinquième centre, dans la pituitaire.