tadā draṣṭuḥ svarūpe avasthānam (3)
vṛtti sārūpyam itaratra (4)
Alors, le témoin est établi dans sa vraie nature (3)
Sinon il s’identifie aux formes reflétées dans le mental (4)
Le mental est maîtrisé quand et seulement quand nous sommes établis (avastha) dans notre vraie nature (svarūpa) : draṣṭa, celui qui voit et qui est situé avant le mental, avant même les sphères élevées du mental.
Soit on croit que l’on voit l’oasis, soit on sait qu’il s’agit d’un mirage.
Notre vraie nature est être-conscience-béatitude. Le monde est une projection, créée, habitée et jouée par la conscience-source.
Le mot draṣṭa, “celui qui voit”, est bien choisi. Il est religieusement neutre, ce traité sur le yoga veut éviter tout débat philosophique, il veut inviter à la pratique. Il est aussi bien choisi car il indique clairement la nature de l’Être Suprême : Derrière les yeux (qui voient le monde), il y a le mental (qui voit aussi les yeux). Derrière le mental, il y a la conscience (qui voit aussi le mental). Derrière la conscience, il n’y a rien d’autre que la conscience elle-même.
Soit on est dans l’état du yoga, et on voit que “je suis la conscience-source/celui qui voit/l’âme/la lumière”, soit on est dans l’illusion, avec l’expérience de souffrance qui va avec. La personne la plus heureuse du monde, sans être dans cet état du yoga, n’est pas pleinement heureuse, il lui reste un sentiment de séparation et son univers est limité. Elle va mourir.
La conscience “magnétise” le mental, et toute la création, et leur donne l’apparence d’être conscients ou vivants. Si la conscience se retirait, il n’y aurait plus de vie. Nous croyons que le corps, à travers le cerveau, est conscient par lui-même. C’est une illusion. Nous sommes perdus comme quand nous regardons un film et oublions que c’est un film, et avons peur, pleurons, … Si l’on enlève le corps, le mental et l’univers, draṣṭa est toujours là.
Tout apparaît dans la conscience, par la conscience. En-dehors de la conscience, il n’y a rien. Et si quelque-chose existait hors de la conscience, personne n’en saurait jamais rien.